saint-jean-du-gard

C’est sur les hauteurs de la commune de Saint-Jean-du-Gard qu’apparaissent, remontant au néolithique, les premières traces de l’installation des hommes : dolmens, tombes à coffre…

On y trouve aussi quelques vestiges d’habitats anciens, chalcolithiques (grottes) ainsi que gallo-romains. Ce n’est qu’au Moyen-Age que les populations se fixent en fond de vallée, autour d’un prieuré fondé par les bénédictins de Saint-Gilles, le long d’une voie de communication importante, la route des Gabales (aujourd’hui Corniche des Cévennes), qui mettait en relation la plaine languedocienne et les hautes terres du Massif Central. C’est à cette position privilégiée que Saint-Jean devra ultérieurement son développement économique lié au commerce et au travail du cuir et de la laine puis de la soie. La première mention écrite de Saint-Jean-de-Gardonnenque, ancien nom de la communauté d’habitants, apparait dans une bulle papale de 1119. De l’ancienne église conventuelle devenue paroissiale, édifiée au XIIe siècle et victime des guerres de religion, ne subsiste que le clocher appelé Tour de l’Horloge (IMH).

La population saint-jeannaise s’est massivement convertie au protestantisme (90% environ) dans les années 1550. Cette appartenance a profondément marqué l’histoire et la vie de Saint-Jean-du-Gard au travers des troubles et conflits religieux, notamment sous le règne de Louis XIV et jusqu’à l’obtention de la liberté de conscience. Avec la Révocation de l’Edit de Nantes interdisant toute pratique de la Religion Prétendue Réformée (1685), Saint-Jean-du-Gard, comme toute la Cévenne huguenote, malgré la violence des persécutions, sut résister pour conserver sa foi protestante. C’est au hameau de Falguière qu’est né Abraham Mazel, un des principaux chefs et prophètes camisards qui participa activement, en juillet 1702, au mouvement à l’origine de la Guerre des Cévennes ou des Camisards. 2500 à 3000 rebelles totalement soutenus par la population ont pu tenir tête pendant plus de deux ans, aux troupes royales, quelques 30 000 hommes bien armés et parfaitement encadrés. Au cours du premier semestre 1704, suite à une ordonnance de décembre 1703, afin qu’ils ne ravitaillent plus les camisards, les habitants de Saint-Jean se voient contraints, de murer toutes les ouvertures de l’arrière des maisons, d’édifier un mur d’une hauteur de deux cannes (environ 4m) clôturant l’arrière des immeubles, et de construire trois portes pour fermer efficacement la ville.

Conduit par une élite issue de la bourgeoisie locale liée au commerce et à l’industrie, Saint-Jean s’engagera pleinement dans le mouvement révolutionnaire de 1789 à la conquête des libertés notamment de la plus précieuse de toutes, celle de conscience. L’engagement de ces élites les conduira aux plus hautes responsabilités régionales et nationales. Sous la Terreur et le régime de déchristianisation, la commune s’est appelée Brion de Gard du nom de la plus haute montagne du territoire.

Au développement de la culture du mûrier dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, de ses corolaires : l’éducation des vers à soie et la filature des cocons, correspond un âge d’or cévenol, Saint-Jean-du-Gard en ayant été un des centres majeurs. On a dénombré dans le bourg quelque 39 sites de filatures de soie. Avant les épizooties des années 1850 qui portèrent un coup fatal aux activités soyeuses on comptait 23 filatures en activité employant 1090 femmes et 150 hommes sur une population de 4600 habitants. De cette période économiquement faste on peut encore voir la filature de Maison Rouge (IMH). Elle a cessé ses activités soyeuses en 1965. Sa fermeture scellait la fin d’une production française de soie. En chantier de réhabilitation bien avancé, elle est l’objet d’un grand projet patrimonial avec l’accueil des collections du Musée des vallées cévenoles et l’aménagement de l’ensemble du site.

Saint-Jean-du-Gard au pied de la Corniche des Cévennes, dernière étape du voyage avec un âne de R.-L. Stevenson le 3 octobre 1878, raccordé au réseau ferré en 1909, s’est résolument tourné vers le tourisme notamment depuis 1982 avec la réouverture de la ligne de chemin de fer et son train tracté à la vapeur faisant étape à la Bambouseraie de Prafrance. Le tourisme que la commune entend développer est un tourisme durable, privilégiant la randonnée, un tourisme de découverte des Cévennes et de leur patrimoine tant naturel que culturel.

Les armoiries de la ville mettent en exergue ce patrimoine : la montagne de Brion inondée de soleil, le Gardon qu’enjambe le Vieux Pont de 1733 (IMH), la Tour de l’Horloge (IMH) et la devise Al sourel de la Liberta (Au soleil de la Liberté) qui rappelle l’histoire héroïque des générations qui ont lutté pour défendre la Liberté.

Daniel TRAVIER